mercredi 15 mai 2013

Photoschopées - Les images disent-elles la vérité ?

Actes Sud Junior nous offre à nouveau une petite pépite docu !
Après leur très beau "Prises de vue - Décrypter la photo d'actu" , David Groison et Pierangélique Schouler reviennent avec Photoschopées pour nous dévoiler les manoeuvres plus que courantes de retouche-manipulation d'images dont les médias nous inondent.


Ces petits livres souples 18 x18 cm regorgent d'informations passionnantes sur les pratiques douteuses (ou pas !) du photojournalisme. Photochopées, décode ces pratiques, depuis les premières manipulations-photo répertoriées dans l'histoire avec le changement de corps d'Abraham Lincoln (photos à l'appui !) aux pratiques actuelles et à leurs motivations . Quant à Prises de vue, il décrypte les outils photographiques techniques utilisés pour la photo d'actualité, qui au-delà de son impact immédiat, témoigne d'une prise de position, d'un regard subjectif: celui du photographe.




Ces petits livres sont précieux pour apprendre à affûter son esprit critique et à ouvrir l'oeil face aux informations visuelles diffusées dans les médias.
Indispensable, passionnant !
Pour tout qui s'intéresse un peu à la photo, à l'info, aux systèmes de "propagande", à l'actualité... Bref, pour tous les curieux dès 13-14 ans.

                                                                                                                      Julie.

"Photochopées" & "Prises de vue", David Groison et Pierangélique Schouler, Actes Sud Junior

1 commentaire:

  1. Un outil de propagande au service des pédagogues naïfs.
    « Mieux comprendre comment et pourquoi une photo suscite en nous des émotions parfois inattendues. » La quatrième de couverture ne ment pas sur la marchandise : ce qui est privilégié dans cet ouvrage, c'est l'analyse purement technique d'images détachées de toute réelle mise en contexte. On comprend certes comment « fonctionne » une photographie, quelles sont les techniques utilisées pour déclencher des émotions, des ressentis, mais à presque chaque page, l'idéologie impérialiste s'impose à ceux qui voudraient nous apprendre la prise de distance critique face à l'image.

    Quelques exemples ci-dessous :

    p.7 –
    Qu'est-ce que ça veut dire ? Que les Noirs n'ont pas d'empathie pour leurs morts ? Ou que la misère est telle en Haïti qu'on n'a tout simplement pas la possibilité de s'en occuper décemment ? Une ambiguïté un peu malsaine que ne lève pas le commentaire de la page 6.

    p.14 –
    Le commentaire ne mentionne pas la réification du musulman par cette photo : il n'y a pas d'individu, mais ce qui peut être perçu, surtout vu d'Europe de nos jours, c'est un grouillement inquiétant et l'idée que les musulmans sont privés de toute initiative individuelle, car ils sont présentés dans un tourbillon indistinct et dans un mouvement perpétuel que rien ne semble pouvoir arrêter.

    p.17
    Il n'est pas anodin de choisir un portrait de Rama Yade, qui nous la rend sympathique. Le commentaire ne parle pas sa posture intellectuelle réactionnaire et islamophobe de cette ancienne ministre de Sarkozy. Exemple même de l'auto-phobie générée par la culture bourgeoise, Rama Yade n'a pas raté une occasion de présenter les banlieues et l'immigration de manière péjorative, au mieux paternaliste... Elle se dit féministe tout en mettant en place un discours moralisateur qui ne permet pas l'émancipation des femmes.

    p.18 – (!)
    Le commentaire ne rappelle pas qu'Ingrid Betancourt, milliardaire d'origine française, a bien su exploiter les ressources de la Colombie pour asseoir sa fortune. Elle ne dit pas non plus que les FARC étaient en lutte contre un gouvernement fasciste à la solde de l’impérialisme américain.

    p. 36 –
    Propagande. Photo + texte = aucune explication politique. On justifie l'emprisonnement de Laurent Gbagbo alors que la Tribunal International de la Haye vient de l'innocenter de tout crime, on asse sous silence le rôle de compradore de Alassan Ouattara : homme de la Françafrique et du FMI, il a été installé comme président en 2010 par la France et les puissances occidentales. Ces dernières ont accusé Gbagbo de tricherie aux élections et de crimes contre l'humanité afin de l'empêcher doeuvrer à l'indépendance réelle du Congo. Gbagbo avait eu le tort de négocier des accords commerciaux directement avec la Chine... Innocenté, il n'est pourtant toujours pas remis en liberté, et l'homme de paille peut continuer à présider...


    p.38 –
    Comme très souvent, le commentaire n'explicite absolument pas le contexte. Il s'agit de la guerre d'Afghanistan, que les Américains ont mené contre les Talibans qu'ils avaient eux-mêmes placé à la tête du pays dans les années 80. C'est une guerre d'agression de l'OTAN contre l'Afghanistan. On éprouve tout de suite une empathie pour le soldat américain en opération extérieure, sans se poser à aucun moment la question de la légitimité de sa présence.

    p.52 –
    « Il fuit la guerre en Libye »... le commentaire omet de préciser qu'il s'agit de notre guerre en Lybie (France + États-Unis) au moment où Kadhafi voulait mettre en place un fonds monétaire africain. Voir mails de Hillary Clinton publié par wikileaks...

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